Sortie le : 19 août 2009
Réalisateur : Quentin Tarantino
Site officiel: www.inglouriousbasterds-movie.com
Longtemps annoncé comme LE FILM DE GUERRE de Tarantino, c’est dire si on été fébriles quand le film a été officialisé, Inglorious Basterds est en fait un film sur la « résistance » en France pendant l’occupation allemande de la seconde guerre mondiale. En effet, la campagne promotionnelle qui reposait sur la bande annonce présentant les Basterds, ne correspond effectivement qu’à un tiers du film, le reste étant centré sur le soldat Allemand Hans Landa interprêté par Christoph Waltz et le personnage de Shosanna Dreyfus joué par Mélanie Laurent.
Le deuxième choc de sortie de projection est la sensation de longueurs à la vision de certaines séquences du film. Si certains passages font preuve d’une maîtrise du rythme sans faille, d’autres sont incroyablement longs (cf. la scène dans le bar). Tarantino se trahit en appliquant son concept favori des « séquences temps réel » qui finissent par lasser le spectateur. Pourtant dans les films de Mister T. un long passage de dialogues truculents aboutissent à de l’action pure et une bonne dose d’adrénaline. Ici point de tout cela, la fusillade du bar et le final au cinéma sont vite montrés et sont incroyablement brouillons dans leur mise en scène (le réalisateur nous avait habitué a mieux depuis Kill Bill).
Pour poursuivre sur la mise en scène, le réalisateur garde sa fâcheuse tendance aux plans simples, sans mouvements de profondeur dans l’espace, juste en largeur et hauteur. On pourra aussi noter qu’il n’y a aucune insertion de scène « vue depuis le coffre » comme dans Reservoir Dogs ou Pulp Fiction, pourtant il y avait possibilité d’inclure ce genre de cadrages. Sinon QT reste fidèle à lui même avec son fétichisme des pieds, ici moins exacerbé que dans Boulevard de la mort, mais qui joue son importance.
Passons au rapport à la violence que suggérait la bande annonce et l’argument favoris de ses détracteurs. Si le film comporte quelques scènes violentes (on les comptes sur les doigts d’une main), on est déçut que les Basterds n’entrent pas plus en action pour « casser du nazis », le passage qui les présentes étant le meilleur du film et finalement le plus Tarantinien. En fait, c’est véritablement le premier tiers du film qui est intéressant, le reste n’est que prétexte à faire un film d’époque ou la reconstitution des décors semble importer plus au réalisateur, que ses personnages dont l’épaisseur paraît réduite au maximum.
Parmi les personnages, celui de Christoph Waltz est celui qui se détache le plus du lot, c’est lui qui porte le film, son interprétation magistrale du début cède peu à peu la place à un certain sur jeu, voir même une certaine caricature. Quand aux autres personnage, celui d’Hitler est convaincant bien qu’un peu cabotin, Diane Kruger et Mélanie Laurent sont parfois prochent de la figuration, on ressent peu l’amour de Tarantino pour les femmes comme ce fut le cas avec Pam Grier, Uma Thurman et les filles de Boulevard de la mort.
Sûrement contraint par un emploi du temps serré, le film saborde la marque de fabrique Tarantino en se refusant au principe du montage ante-chronologique si cher à Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Kill Bill. Inglorious Basterds suit de façon générale l’ordre chronologique des événement et se révèle finalement linéaire, comme ce fût le cas pour Jackie Brown. Le spectateur n’est plus participatif, au contraire des montages en désordre de la plupart des films de Tarantino qui permettaient de mieux comprendre les émotions des personnages. Ce sacrifice fait, Tarantino garde heureusement sa narration en chapitre qui lui permet de justifier d’ellipses temporelles de plusieurs années.
L’autre point fort du ciné made in Tarantino était d’introduire les personnages de manière originales, dans Inglorious Basterds seuls 2 basterds bénéficient de cette attention particulière, Eli Roth surnommé l’ours juif qui profite d’une scène très violente mais d’anthologie et l’autre basterds étant le sergent Hugo Stiglitz. Alors certains diront que l’auteur de ces lignes n’a rien compris, qu’il est passé à coté du film ! Peut-être, mais étant une grande fiction le film se devait d’être un peu plus « couillu » dans sa narration, Tarantino s’apparente à un compteur d’histoire sans motivation pour sa mise en scène, essayant de combiner faits historiques et fiction.
Hélas le mélange ne prend pas et on se retrouve plus devant d’interminables séquences de dialogues pour justifier les personnages et l’histoire du film, que devant un véritable cinéma pop comme Tarantino sait le faire. Si la maîtrise visuelle et la direction reste sans faille, elle semble plutôt correcte pour du QT, qui nous avait habitué à des « gueules » de cinoche. Pourquoi n’avoir ramené aucun acteur has-been ? Comme dans Kill Bill. Bref en voulant faire intervenir de nombreux personnages et situations, Tarantino développe des éléments qui lui auraient permis de faire plusieurs films et non un. On se prend donc à espérer qu’il s’attèle enfin à son projet initial de Basterds, avec des noirs-américains coincés derrière les lignes ennemis ou un film uniquement consacré a ceux de Brad Pitt.
Ayant sans doute péché par excès et s’étant empressé de monter son film pour le présenter à cannes, Tarantino en néglige la forme et simplifie le fond pour finalement livrer un divertissement intéressant mais pas aussi culte qu’un Reservoir Dogs. Certainement trop friqué, avec ses 70 millions de dollars de budget, alors que Kill Bill avait coûté 60 millions de dollars pour 2 films, Tarantino néglige ses gimmicks habituels pour livrer un film simplifié. Dommage la bande annonce promettait bien plus…
