L’histoire se passe en 1985, à New-York, un comédien vient de mourir ! Rorschach super-héros névrosé, qui exerce sa fonction dans l’illégalité, enquête sur la mort de ce personnage et sera amené à rencontrer d’anciens collègues et mettre une menace pour l’humanité ! Comme souvent dans les œuvres du scénariste Allan Moore, nous avons droit à un univers complet et complexe (cf. V pour Vendetta et From Hell), avec de nombreux intervenants possédant un passé et un avenir. Un tourbillon d’informations pour le lecteur lambda à qui il prendrait l’envie d’ouvrir l’un des comics-book du maitre. Les studios hollywoodiens ayant déjà adapté plusieurs de ses œuvres, avec des hauts (V pour Vendetta) et des bas (From Hell), provoquèrent un rejet de la part d’Alan Moore qui en désavoue systématiquement la paternité. Ceci pour des motifs de transpositions bancales, voir partielles des comics. C’est d’autant plus regrettable que les dernières adaptations, V pour Vendetta et Watchmen sont très proches du matériau d’origine.
Arlésienne s’il en est, Watchmen est passé par les mains de nombreux réalisateurs avant d’échoir au génial Zack Snyder. Terry Gilliam, Darren Aronofsky ou encore Paul Greengrass se sont cassés les dents sur ce projet fou et flamboyant. En effet, l’univers du comic-book est très dense, l’histoire s’étend sur 12 chapitres complétés par des écrits offrant plus d’informations sur les personnages, une BD dans la BD, de nombreuses références et plusieurs niveaux de lecture. Si bien que Watchmen fait partit de ces œuvres que vous continuerez à découvrir même à votre trentième lecture. Avec ces superlatifs comment Zack Snyder a-t-il réussit l’impossible ? Revenons en arrière dans le temps, Snyder signe le remake tapageur et clipesque du Zombie de George A. Romero : L’armée des morts, réussite publique et critique qui offre au réalisateur un certain pouvoir à Hollywood. Son film suivant, l’adaptation de la BD culte de Frank Miller : 300, œuvre de fureur, de combats et de sangs, au succès mondial tel que les studios tiennent une nouvelle poule aux œufs d’or. A ce moment Snyder divise les spectateurs, entre ceux qui y voient un réalisateur de génie et ses détracteurs qui critiquent son style tapageur et trop bling-bling, l’attachement de son nom à Watchmen sera largement commenté et divisera.
2009, après de nombreuses incertitudes, le film sort en salle comme par miracle. En effet, sa durée initiale de 3h oblige Snyder à couper et proposer une version allégée en désaccord avec ses objectifs. Le film, annoncé par un trailer intriguant et un visuel incroyable surprend autant qu’il rend pessimiste ; d’ailleurs la campagne promotionnelle majoritairement axée sur l’aspect super-héros et action jouera en défaveur du film pour les spectateurs néophytes de l’univers. Watchmen le film et aussi complexe d’accès que le comic-book, avec ses personnages, les différents noms, les époques et l’univers alternatif qu’il propose, obligent le spectateur à une attention soutenue pour ne pas être perdu. Qualifié de film de fan pour les fans, Watchmen se révèle un film de super-héros burné comme on aimerait en voir plus. Catégorisé dans le lignée d’un The Dark Knight de Christopher Nolan (lui-même largement influencé par le comic book éponyme de Frank Miller ndlr.) Watchmen fait partie de ses œuvres adultes multi-référencées qui provoquent adoration ou rejet.
Dans les faits Snyder réussit son film en incluant la grande majorité du récit et lutte contre les studios pour proposer une version du film de 2h43 (quand même). A ce titre, un film en 2 parties aurait pu être intéressant pour préserver le rythme et offrir encore plus, mais exposait aussi au four commercial en cas de plantage au box-office. Largement conspué par une frange de fans qui n’ont vu en Watchmen que l’aspect « action à la Snyder » et un style visuel trop esthétique, alors que le réalisateur fait preuve d’un grand respect envers le comic-book. Autre point de discordance, les musiques, inadaptées et mal choisies ou excellentes c’est selon… Dans tous les cas le film est plutôt osées pour un projet Hollywoodien et le studio Warner Bros.
Depuis le 9 septembre le film est disponible en DVD et Blu-Ray en France, dans des éditions plutôt décevantes. En effet le director’s cut, LA version du film voulut par Snyder, ne sera pas distribuée sur le sol Européen, par Paramount qui en a les droits. Nous devons nous contenter de bonus majoritairement axés sur l’univers et l’influence du comic-book ; quand au film d’animation Tales of The Black Freighter (Les contes du vaisseau noir), adapté de la BD lue par un personnage du comics Watchmen, il est vendu en DVD séparément. Il faudra donc attendre une inespérée édition ultime incluant la totalité de l’œuvre ! Sont aussi disponibles les 2 Bandes Originales, une contenant les chansons du film et l’autre les partitions musicales enregistrées spécialement. Enfin, les accros à l’univers Watchmen pourront acquérir le graphic-novel dans toutes les bonnes librairies ; disponible dans plusieurs éditions allant de 15 à 60 euros, il serait dommage de se priver. Watchmen le film prouve que Snyder n’est pas là par hasard et s’il divise, il ne faut pas oublier qu’un certain Robert Rodriguez avec Sin City (coréalisé par l’auteur de la BD Frank Miller, encore !) avait lui aussi divisé en son temps. Cette nouvelle vague de film hybrides au confluant de la BD, du film et du jeux-vidéo nous réserve encore de bonnes surprises. Avant que Snyder s’attaque à la suite/préquel de 300, devrait sortir l’an prochain Sucker Punch, un Alice au pays des merveilles avec des flingues selon ses dires, tout un programme…