Le duel entre les deux films était attendu depuis plusieurs semaines à Hollywood. Démineurs l’a remporté haut la main hier soir avec 6 Oscars contre 3 pour Avatar, qui n’obtient que des prix techniques (photographie, effets spéciaux et décors). Un vieux couple s’opposait sur le ring : James Cameron et son ex-femme, Kathryn Bigelow. Elle est aujourd’hui la première femme a recevoir l’Oscar du meilleur réalisateur, une première dans l’histoire de la cérémonie. Démineurs contre Avatar, c’était un peu David contre Goliath : une super production de 300 millions de dollars contre un petit film au budget plus limité (à peine 11 millions). Alors à Hollywood, deux clans s’étaient formés : les pro et les anti-Avatar. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il se dresse comme charnière dans l’Histoire du Cinéma (ce qu’il est de toute façon). La nuance intervient dans le fait de récompenser à nouveau ce film, alors qu’il est déjà le plus vu et le plus prolifique de l’Histoire. Était-il nécessaire de donner un nouveau coup de pouce à ce blockbuster ? Méritait-il ces récompenses, a priori, artistiques ?
Parce qu’un Oscar, c’est surtout un bond pour la réputation artistique et pour les projet à venir. C’est surtout un avantage financier dans la mesure où les cachets des personnalités récompensées explosent. Ces importants enjeux économiques sont clairement visible lors des semaines précédents la cérémonie. Chaque major promouvoit ses productions auprès de l’Académie des Oscars. Cette dernière est composée de 5800 votants, essentiellement d’anciens Oscarisés, qui visionnent chacun des films et des courts métrages sélectionnés afin de soumettre son vote, peu avant le jour J. Les studios, dans leur malhonnêteté la plus totale, ne se prive pas d’envoyer cadeaux, invitations ou enveloppes aux votants. De grandes campagnes de publicité ainsi que de grands diners sont même organisés pour eux à Hollywood, où ils résident pour beaucoup. Parce que la cérémonie possède aussi ce côté exclusif, qui privilégie le cinéma californien et les grands studios. Les cinéastes new-yorkais, les films indépendants ou étrangers n’ont pas leur place sur le tapis rouge. Il s’agit en fait davantage du triomphe du marketing que de celui de l’Art. Kathryn Bigelow et son « petit » film font figure d’exception dans cette bataille sans âme. Il faut dire qu’ils avaient frappés gros. Le producteur français du film, Nicolas Chartier, s’était vu retirer son invitation pour avoir trop gravement attaqué l’ennemi Avatar. Il faut savoir se battre pour pouvoir obtenir un minimum d’égalité dans ce genre de cérémonies monstrueuse. Les plus grands n’ont pas toujours su se prêter au jeu. Alfred Hitchcock, Stanley Kubrick, Orson Welles ou Charlie Chaplin n’ont jamais reçu leur Oscar du meilleur réalisateur… Une guerre marketing on vous dit !